Les derniers jours ont été tellement remplis et déjà c’est le départ. Le voyage avec la bétaillère, les contrôles à la douane et avec le vétérinaire cantonal de Landeck se sont bien passés. Andy nous a conduit jusque sur les hauteurs du Kaunertal, nous avons bâté et chargé les yaks et sommes partis dans les montagnes. La marche nous fait du bien, aux humains comme aux yaks. La météo est changeante, moments de pluie, moments de soleil et moments où tout disparaît dans un brouillard épais. En dessus de la forêt nous découvrons une montagne silencieuse et sauvage. Plus que nous montons, plus c’est austère. Finalement nous arrivons dans un pierrier sommital tourmenté et raide. Nous y aventurons sur une centaine de mètres pour nous rendre compte que ce sera impossible - surtout dans la pluie et le brouillard, avec les pierres mouillés bien glissantes. En plus nous sommes fin de journée. Nous redescendons. Il y avait une petite cabane et un minuscule plat au départ du pierrier - nous y montons notre tente dans la pluie battante et essayons de nous organiser. Il faut toujours quelques jours pour savoir exactement où est quoi. Là nous n’avons pas encore les gestes précis et disciplinés dans le minuscule espace de la tente. Tout est encore un peu chaotique et prend du temps. Mais au moins nous sommes à l’abris. Nous étudions les cartes et décidons de tenter le passage de la montagne plus bas dans la vallée le lendemain.
Au matin, quand nous sortons de la tente un bouquetin nous observe depuis en-haut. Nous rangeons le camp dans un brouillard froid. Là aussi, le train n’est pas encore rodé, ce n’est pas clair qui fait quoi et où va quoi.
Nous voilà reparti dans l’autre direction. Nous suivons un chemin « panoramique » qui longe la vallée à flanc de coteau. Notre panorama est le brouillard et les petites fenêtres qu’il nous ouvre de temps en temps sur la montagne. Mais la forêt est belle. C’est le grand calme et je replonge en méditation en marchant. Les yaks avancent bien, Tsarang est souvent en tête et trouve le chemin mieux que Pascale par moment. Une montée raide vers le col du Halsl - que la montagne est caillouteuse et raide par ici! Premier col du voyage! Mais où est donc le chemin qui descend? Nous faisons quelques allers-retours. Nous consultons cartes en papier et GPS. Là où carte en papier et cartes digitales indiquaient un chemin, sur le terrain il n’y a que des pierres... Dans le brouillard c’est difficile d’avoir une vue d’ensemble, mais en explorant le terrain, nous arrivons à la conclusion que définitivement il n’y a rien. Finalement nous comprenons que le chemin a dû être dévié, nous trouvons un semblant de trace qui serpente dans une pente herbeuse très raide. Allons-y. J’ai vraiment envie de sortir de cette vallée. Nous reserrons les bagages de Naulekh pour qu’ils tiennent bien dans la descente et ne le dérangent pas et empruntons la trace. Tsarang suit super. Naulekh dans un contour fait une manœuvre un peu brusque et se retrouve soudainement assis sur ses fesses en glissant. Il a du mal calculer l’effet de la charge dans un mouvement brusque dans une pente aussi raide... moment de frayeur intense pour nous tous jusqu’à ce qu’il réussit à se rattraper et se remettre sur ses quarte pieds! Nous sommes très soulagés quand nous retrouvons le chemin au fond de la pente. Et un peu plus loin nous trouvons un bel endroit plat couvert de mousses et de myrtilles pour monter le camp. Par contre il n’y a pas d’eau... mais le prochain point d’eau est encore bien loin. L’herbe mouillée de la pluie va être assez pour les yaks pour une nuit et nous avons juste assez pour nous faire une tasse de thé et cuisiner. Quand nous montons la tente il manque une tringle... mais qui a rangé quoi et où? Nous avons dû l’oublier....incroyable! Comment cela se fait que personne n’a rien vu? Nous nous sentons idiotes comme de vrai débutantes et bien embêtées.... pour ce soir nous nous débrouillerons, mais nous pouvons continuer le voyage sans cette tringle! Nous décidons que Pascale retournera pour la chercher pendant que Rosula s’occupera du camps et de mener les yaks à l’eau. Une journée de repos fera du bien aux yaks après ces longs trajets en bétaillère et l’endroit s’y prête parfaitement bien. Un endroit à yak, haut dans la montagne où le bétail ne vient pas et nous dérangeons personne.
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